A FLEURS DE PEAUX
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QUAND J SERAI GRAND

J PEINDRAI DES FLEURS

                 ???

 

 

 

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        "NAUFRAGÉS ÉPHÉMÈRES, IL S EN SONT ALLÉS     JOUER AILLEURS"


expos,installations,      visions, réflexions, autour de l’idée du vaisseaux fantôme

NAUFRAGES ÉPHÉMÈRES...
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Avec Alain Kerlan,nous retournons à Leros et rhodes pour participer à la 1ère Biennale Internationale de Philosophie Pratique, Philosophie en praxis. Le geste philosophique: engagements politiques, éthiques, éducatifs, artistiquesqui se tiendra à Rhodes du 27 au 29 avril2018

Nous presenterons deux ouvrages de la maison d'éditon "naufragés éphémères"

Chronique du vaisseau fantôme   Alain Kerlan Yves Henri

préface  Paul Ardenne

et  Art, mémoire, histoire  Alain Kerlan

 
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YVESHENRI, LA VIGIE :

A
Corbas, on connaît bien cette imposante présence de noir vêtue,
auréolée d’une crinière blanche, barbe et moustache comprises.
Yves Henri fut longtemps un des professeurs écouté de l’école
municipale d’arts plastiques. Juste retour des choses, donc, que sa
présence au Polaris.
A
Lyon, le visiteur entre dans le sanctuaire du musée d’art
contemporain sous le regard attentif d’un de ses « guetteurs ».
Attention,
rien à voir avec « Big Brother is watching you » de
George Orwell. Il
n’est en rien un personnage de fiction, ni un prêcheur des thèses
totalitaires. Yves Henri s’inscrit au contraire dans la lignée des
artistes engagés, résistants, attentifs, présents au monde et à
sa réalité, sinon ses rêves ; ce qui, par exemple, le fit se
rendre en tant que tel à Jenine, en Palestine (2002).
A
Rillieux-la-Pape, son superbe mémorial des « Jardins de la
paix » (2007) inscrit encore son engagement à travers un
monument hautement symbolique et gravé dans l’Histoire. Contre
toute circonstance où l’être humain serait spolié, avili,
méprisé, nié. Ou simplement ignoré.
Mais
« Le petit peuple des guetteurs » de Yves Henri s’invite
et s’installe aussi dans un quotidien plus ordinaire. En des lieux
emblématiques –ou, plutôt… au-dessus !-, forcément, tels
une entrée de ville (à Rillieux, toujours), le musée d’art
contemporain de Lyon, donc, ou celui des « Moulages »,
mais encore la prison de Villefranche-sur-Saône. En des lieux du
jour le jour également : école, jardin, MJC, cour, maison
privée, médiathèque, galerie d’art, chapelle... De façon
pérenne ou éphémère à travers installations et performances.
Toujours en tenant compte de la spécificité topologique et humaine
de l’environnement
Yves
Henri n’est pas un phraseur dont une logorrhée filandreuse et
trompeuse suffirait à justifier une œuvre dont le roi serait nu.
Lui plonge sa pensée et ses mains dans la matière. Pas forcément
la plus noble, d’ors et de marbre ou de pierres précieuses. Non,
ses mains, son cerveau et son cœur façonnent le bois –tronc,
lattes ou bastaings-, la terre, la ferraille, le plexiglas, le feu,
le vent, le ciel, les sons. Il hache, tranche, cogne, soude, modèle.
Des formes et des volumes aux contours épais, solides, volontiers
déformés : gueulards, Vénus violée ou aux grandes mains,
toujours avec des titres percutants. Rien à voir avec une sculpture
de boudoir entre deux canapés. Son discours s’exerce sur ce qu’il
voit et vit. Parfois dans la solitude de l’atelier. Le plus souvent
dans le maelström et l’opportunité des rencontres.

Qu’il
continue à guetter, à veiller, observer ; attentif et
vigilant. Témoin de chaque jour. C’est ainsi qu’il conçoit son
rôle d’artiste et le « statut des statues ». C’est
ainsi qu’il vit et donne à vivre. C’est ainsi qu’il nomme la
vie.




Stani
Chaine
Mars
2012
yves henri sculpteur installateur
 
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Yves Henri sculpteur installateur vous propose un cheminement  artistique au travers de ses réalisations,ses expositions...
 
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DU VENTRE DE MA MERE
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     DU VENTRE DE MA MERE

C'était en Aout 1944 il me semble. Je passais alors, d'une promesse dans l’œil de mon père à une virgule dans le ventre de ma mère.

En même temps ou presque, mes parents apprenaient l’ignominie produite dans un village presque voisin. Les SS Das Reich avaient rayé de la carte Oradour sur Glane par la haine, par le feu, et par le sang.

Les verts de gris ne rentraient pas au pays la fleur au fusil. De leur peur naissaient des actes les plus odieux.

A l'abri, flottant dans mon univers amniotique, je devenais têtard heureux, même si, de temps à autre, je percevais du monde extérieur, comme une rumeur d'angoisse et d'inquiétude lors des représailles dans le Vercors et ailleurs. Marqué dans mon corps et ma tête, je m'en faisais doucettement une raison sans pour autant en comprendre l'exacte cause.

Autour de moi, le monde des humains s'agitait. Faut vous dire, je l'ai su plus tard, mes géniteurs avaient des pratiques particulières. Au lieu de rester tranquillement à attendre que je les rejoigne, ces deux-là jouaient (pour du vrai) à être des héros, bravant la soldatesque envahisseuse.

Mon dab cachait dans la cave des Juifs en déshérence avant de leur faire passer la ligne de démarcation, par le biais d’un réseau de résistance élaboré par le Pasteur Benignus* et quelques-uns de ses paroissiens. Ma mother elle, s'entêtait à remettre à l'heure anglaise le carillon du séjour.

Pour couronner le tout, ils devaient partager leur habitat avec une escouade de lourdauds de l'armée d'occupation et, chaque fois que le big-ben tintait dans le salon, il y avait toujours un doryphore râleur, qui d'un geste rageur le remettait à l'heure teutonne.

Ce petit jeu durait ainsi depuis plusieurs mois déjà, mais ces derniers temps, l'ambiance avait changé : la nervosité et l’angoisse rendaient l’air électrique. Bien qu'au chaud, flottant dans mon petit nid d'amour, prenant chaque jour un peu plus d’ampleur, j'incubais des ondes perturbantes malgré une douce et flottante béatitude.

Est-ce par réflexe, est-ce par inconsciente conscience, mais, je commençais à envoyer quelques coups de pieds, histoire de rappeler à tous que j'étais en train d'exister.

-Toc-toc et pif-paf, je suis là ! hou hou…

-Arrêtez de déconner !

-je voudrais naître dans un monde d'amour et de paix, comme dans ces chants de Noël qui raisonnent dans le temple d’Angoulême, et, de fait, dans ce ventre et par cette peau qui commence à se tendre comme celle d'un tambour.

 

Entre une piqûre faite à un « terroriste », pardon : un résistant blessé dans une embuscade et trancher des petites bûchettes pour alimenter les gazogènes pour la future bataille d’Angoulême , ma mère prenait du ventre pour me permettre de prendre mes aises.

Un matin cependant, tout bascula. Comme d’habitude maman venait de remettre l’horloge à l’heure anglaise. Quand celle-ci carillonnât, un soldat agressif entra dans le salon et balança la crosse de son fusil contre le big-ben familial pour le dézinguer définitivement. Furieuse ma mère lui jeta la bolée de chicorée quelle prenait comme tous les matins. A son tour le doryphore lui mis un coup de crosse Dans le ventre

Aïe ! Que m’arrivait-il ? Le liquide amniotique amortit le coup mais quand même ! Je faillis tomber dans les pommes comme aurait pu le dire mon papa. D’ailleurs, celui-ci, revenant d’un passage en ligne de démarcation vit la scène et se précipita sur le Boche qui vociférant, alertât ses collègu

C’est ainsi que l’on vit dans la grande rue de Dignac mes parents, main dans la main, ventre en avant, suivit d’une escouade de vert-de-gris fusils pointés sur eux. Direction : champ d’exécution, pour l’exemple !

Heureusement, arriva un officier de cette armée d’occupation qui demanda l’objet de cette mise à mort. Faut dire qu’il reconnut mes parents pour les avoir vu au temple d’Angoulême. Lui-même, luthérien, cherchait en ce lieu, un espace où il pouvait retrouver ses convictions religieuses « Tu ne tueras point ».

Dans cette rue de Dignac, il intima l’ordre à ses coreligionnaires d’arrêter cette mascarade.

C’est ainsi que le 7 Mai 1945 mon cri primal ne fut entendu par personne si ce n’est mes parents et mes trois sœurs. Les cloches du village sonnaient la certitude d’une signature d’armistice pour le lendemain.

A quoi tient la vie ?

Après !

Des gestes de tendresse dans les bras de mon père, Le grand boum atomique d’Hiroshima, une enfance Charentaise à Sonnac, normale ou presque : la guerre d’Indochine et l’enterrement du soldat Marc mort pour préserver des plantations d’hévéas, La guerre d’Algérie, et l’enfermement silencieux de Jean-Marie incapable de s’exprimer sur les exactions auxquelles il a participé dans le Djebel.

 

J’arrête là la liste, elle est longue, très très longue, beaucoup trop longue.

Qu’advint-il de la petite vietnamienne brûlée au napalm ?

De la petite Syrienne traînant derrière elle le lourd fardeau de sa migration ?

A votre avis cela a-t-il influencé ma création, ma vie, mes angoisses, les vôtres aussi peut-être ?

Parce que, l’art c’est la vie

Si, si, je vous le dis !

L’art c’est la vie.

L’atelier le 23/09/ 2020

Yves Henri

 

 

 

Pasteur Benignus: organise et anime en Charente, le réseau du « Juste » Joseph Fisera

avec quelques paroissiens, dont mes parents.

 

 

 
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Editions naufragés éphémères

« Naufragés éphémères, ils s’en sont allés jouer ailleurs… » Anna Blondino

Les premières apparitions du Vaisseau fantôme sont survenues au bateau Lavange, sur la Saône, à Lyon, où vit l’artiste plasticien Yves Henri – sculpteur, installateur, performeur. Elles ont surgi toutes voiles déployées pour que commence l’aventure commune de l’artiste et du philosophe Alain Kerlan, premier témoin et complice, et aussitôt embarqué à son bord pour une entreprise de création artistique et philosophique partagée. C’est sur les côtes d’une île grecque au large de Rhodes, l’île de Leros, que les premiers vents les ont déposés, pour une résidence de trois semaines, au terme de laquelle allait se dresser, face à la mer, une sculpture métallique monumentale, le Vaisseau fantôme de Leros. Elle est le fruit de ce processus et de ces rencontres, création partagée avec toutes celles et tous ceux qui lui ont ouvert la route, à la croisée des chemins de l’art et de la philosophie. Ce livre en constitue le récit. Une chronique qui tout à la fois raconte et analyse, et demeure habitée par ce qu’elle découvre. « Cet ouvrage, d’un intérêt constant, est [...] un acte de mémoire. Mémoire d’une intervention contextuelle corrélée à un des plus insignes enjeux de ce temps : apprendre à accepter l’Autre et à l’accueillir ». Paul Ardenne (extrait de la préface)

122 p., ill., 14 cm x 20,5 cm, avril 2018, 10 €.

Éditions Naufragés éphémères Bateau Lavange, face au 35 quai Fulchiron 

contact: naufragesephemeres@hotmail.fr
Rencontres, actions à Kerkennah avec le PASC et Jeunes Sciences Kerkennah du 5 au15 Janvier 2017
PERFORMANCES CONFERENCE REALISATION A LEROS CT. NOV. 2016 AVEC ALAIN KERLAN
UN VAISSEAU POUR MARITHE quelque part en Ardèche sept 2016
 

 

PERFORMANCE    AGNES BTFFN  YVES HENRI  sur la Charente à Jarnac  le 2 Aout 2017


"vaisseau fantôme" à Rhodes avec Alain Kerlan
NAUFRAGES EPHEMERES,ILS S'EN SONT ALLÉS JOUER AILLEURS

vign_ATELIER_YVES_05_mars_2014_029A_2_ Ils ont joué à l'abri rêvé de croix incertaines. Ils sont partis délaissant momies d'insectes, cocons inutiles...oubliant le vaisseau, épave après la tempête qui se leva des serments trahis. 

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Ils ont défié la spirale liquide,piège à l'engloutissement.


vign_ATELIER_YVES_05_mars_2014_023AC  Naufragés éphémères,ils s'en sont allés jouer ailleurs.

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Les filins de lumière gardent trace de leurs fulgurance.


Anna Blondino

NAUFRAGES EPHEMERES, ILS S EN SONT ALLES JOUER AILLEURS la TEC à Voiron
RENCONTRE DÉBAT AVEC ALAIN KERLAN

Le Vaisseau fantôme de Yves Henri à Voiron

 

Rencontre débat, 17 mars 2016

 

 

 

 

Marcher. Le chemin de la vie

 

Pour parler ici du vaisseau fantôme de Yves Henri, ici où il est arrêté dans une escale éphémère, il faudrait le faire en marchant, en déambulant. Je le ferai autant que raisonnable et sous réserve que vous puissiez toujours m’entendre. Une « performance » philosophique si l’on veut, mais la philosophie a la performance modeste !

 

Pourquoi donc se mettre en marche ? Parce que l’une des images les plus constantes et sans doute les plus anciennes pour évoquer, figurer une vie humaine est celle du trajet, de la marche d’un point à un autre. On la retrouve jusque dans cette devinette : qu’est-ce qui se déplace à quatre pattes le matin, sur deux pieds à midi, et sur trois pieds en soirée ? On dit aussi : faire son chemin.

 

Cette trajectoire spatiale est bien sûr la figuration de la marche du temps. La devinette le dit : le matin, le midi, le soir. Une vie humaine va d’un point à un autre, ou plus justement d’un début à une fin. De son début à sa fin. Et l’énigme absolue est aux deux bouts : avant le début, après la fin : d’où venons-nous ? Où allons-nous ?

 

Une légende universelle. L’ultime voyage

 

Vous connaissez tous la légende du vaisseau fantôme, du moins sous sa forme la plus connue, portée à l’Opéra par Wagner, à l’écran par de nombreux cinéastes. Je vous en rappelle le thème...

Un vaisseau fantôme est un navire maudit qui, selon une légende, est condamné à errer sur les océans, conduit par un équipage de squelettes et de fantômes, tel le légendaire Hollandais volant. Il peut aussi s'agir de l'apparition spectrale d'un navire disparu ou naufragé dans des circonstances particulièrement tragiques.

Par extension, en référence à ces légendes, on donne également le nom de vaisseaux fantômes aux épaves retrouvées en mer avec leur équipage mort ou disparu, parfois inexplicablement, dont le plus célèbre exemple est le brick Marie Celeste.

L’île aux morts

Vous savez tous aussi que dans de nombreuses cultures, peut-être même dans toutes les cultures l’ultime voyage, le grand passage vers l’au-delà, est figuré par une barque, un bateau, un canoë, glissant sur une eau étale. Une célèbre toile de Böcklin vient peut-être à votre esprit

 

Elle représente une île au coucher du soleil, vers laquelle se dirige une embarcation conduite par Charon, le guide des morts. À ses côtés dans le bateau, un défunt debout, dans son linceul regarde vers la crique dans laquelle va entrer la barque. Sur l’île, une cour dans l’ombre, des rochers escarpés et de hauts cyprès donnent à l’ambiance un parfum de solitude et d’oppression.

 

Dans la mythologie grecque le fleuve est également associé au grand passage. Le Léthé c'est le fleuve de l'oubli (Du grec Lêthê, oubli) coulant en enfer. Les morts soucieux d'oublier leur vie terrestre, s'y abreuvaient, tandis que (Selon Platon) les âmes en passe de renaître s'y immergeaient pour effacer ce qui avait été vu dans le monde souterrain. Vierges de toute mémoire, ces âmes pouvaient alors renaître...

 

 

Le sens général de la légende

On voit bien le sens général de la légende : le vaisseau fantôme symbolise une vie humaine au bout de son chemin, mais qui ne trouve pas la paix éternelle promise, qui est condamnée à errer dans le non-lieu qui s’étend entre le monde des vivants et le monde des morts. Pourquoi ? Cette errance durera tant que ne sera pas réparée une faute obscure (version d’inspiration chrétienne), ou que l’âme ne sera pas lavée des souillures de la vie dans le fleuve d’oubli (version grecque et moyen-orientale, indo-européenne). Dans la légende du Hollandais Volant, portée à l’Opéra par Wagner lui-même inspiré par une nouvelle de Heine, Mémoires de Monsieur de Schnabelewopski, c’est de l’amour d’une femme et de son sacrifice qui viendra la rédemption, la fin de l’errance. Dans un film culte de Albert Lewin inspiré de la même légende, Pandora (1951), cette femme salvatrice prend le visage d’Ava Gardner surgissant des flots, et James Mason incarne le capitaine, le Hollandais volant condamné à l’errance.

 

L’imaginaire de l’eau. Une métaphore de la condition humaine

 

Mais nous sentons bien que son sens et sa portée la débordent et l’élargissent à l’existence et à la condition humaine tout entière. En m’inspirant de Gaston Bachelard dans ce très beau livre qui a pour titre L’eau et les rêves, je suggèrerai que le thème du vaisseau fantôme donne forme à l’un des imaginaires les plus profonds, l’imaginaire de l’eau.

 

Voici ce qu’écrivait Bachelard dans l’introduction de L’eau et les rêves : « On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, parce que, déjà, dans sa profondeur, l’être humain a le destin de l’eau qui coule. L’eau est vraiment l’élément transitoire. Il est la métamorphose essentielle entre le feu et la terre. L’être voué à l’eau est un être en vertige. Il meurt à chaque minute, sans cesse quelque chose de sa substance s’écroule. La mort quotidienne n’est pas la mort exubérante du feu qui perce le ciel de ses flèches ; la mort quotidienne est la mort de l’eau. L’eau coule toujours, l’eau tombe toujours, elle finit toujours en sa mort horizontale... La mort de l’eau est plus songeuse que la mort de la terre : la peine de l’eau est infinie ». (Bachelard, L’eau et les rêves, Librairie joseph Corti, 1942, p. 8/9).

 

 

Vous ne connaissez sans doute pas cette phrase de Paul Valéry : « L’homme est donc une sorte d’éphémère, qui ne revit jamais ce jour unique qu’est toute sa vie » (Mon Faust, p. 77). Je l’ai trouvée presque par hasard, dans un dictionnaire, en cherchant à préciser l’étymologie de ce terme « éphémère », du grec ephêmeros, composé de epi (= pendant), et de héméra (= jour, cf. le « bonjour », kaliméra, du grec moderne). « Qui dure un jour », donc, comme vous savez. La phrase de Valéry me semble dévoiler ce que contient la phrase énigmatique qui fait le titre de cette exposition : « les naufragés éphémères s’en sont allés jouer ailleurs ».

 

Le guetteur et le vaisseau fantôme

 

Imaginaire de l’eau donc, dans ses liens avec l’imaginaire des autres éléments. Le feu, qui habite nécessairement l’œuvre du sculpteur Yves Henri. Mais aussi, surtout : la terre. L’eau rencontre toujours sa limite, la frontière de la terre. La terre hospitalière s’entoure de l’eau qui à la fois l’enferme et désigne d’autres horizons, la ligne d’une autre terre, espérée, redoutée. Vous le savez peut-être, le vaisseau fantôme de Yves Henri fera bientôt voile pour l’une ou l’autre des îles du Dodécanèse, Leros et Kalymnos, Rhodes aussi. Pour y recueillir et se faire l’écho, dans une création partagée, de la mémoire et de l’imaginaire de celles et ceux qui ont sous les yeux tout autour d’eux mais aussi au fond d’eux la mer infiniment recommencée, comme le disait Rimbaud, un passé en partage et le présent qui déferle. Un vaisseau fantôme hante les rives et les côtes de tous ces lieux de haute histoire, mais il hante plus encore les mémoires de tous ceux, hommes et femmes, qui regardent depuis toujours vers le large, tout à la fois exil et remède espéré à l’exil, il chavire encore dans le regard muet de ceux qui ne peuvent oublier le lieu d'où nul ne revient sans avoir fait naufrage. Le vaisseau longera aussi les côtes de la Tunisie, et, qui sait, abordera les Amériques, jetant l’ancre sur une rive du Saint-Laurent.

 

Venons-y : le vaisseau fantôme est bien un autre guetteur ; une métamorphose de ces guetteurs de Yves Henri qui peuplent les seuils où l’artiste un jour a pris place. Un guetteur plus grave sans doute. Un guetteur ultime. « De quoi le guetteur est-il le guet ? », pourrait-on demander, en parodiant un titre qui a fait mouche. Le guetteur est toujours, me semble-t-il, l’habitant plus ou moins précaire, plus ou moins éphémère, même lorsqu’il est fermement campé, d’une frontière. Frontière de l’enfermement, qu’il ouvre de sa présence : dans un camp palestinien à Djénine, dans l’enceinte d’une prison. Le vaisseau fantôme est un guetteur peut-être plus grave encore puisque que cette fois il interroge les frontières qui font la condition humaine : l’exil, l’errance de la déraison, celles des réfugiés, l’espérance, la promesse, l’horizon et la liberté, la terre habitée, le sans-fond, la présence et l’absence, la vie et la mort qui nous portent et nous emportent sur leurs flots...

 

C’est pourquoi le périple du vaisseau fantôme de Yves Henri veut être une aventure tout à la fois artistique et philosophique. Ses voiles prennent le vent aux frontières de l’art et de la philosophie et les bousculent, les déplacent.

 

Chaque des apparitions du vaisseau fantôme sera unique dans la forme et l'intention, en fonction des rencontres entre les habitants, l'artiste le philosophe, là où il aura jeté l’ancre. A la fois exposés et exposants, l’artiste et le philosophe, dans un compagnonnage où tous les acteurs embarqués auront leur place, interrogeront ensemble, dans le jeu combiné des formes et des concepts, ces lieux et cet imaginaire qu’ébranlent encore les légendes du bateau fantôme.

 

 

* * *

 

Mais voilà : comment donner forme à cela ? A ce qui est, d’une certaine façon, informe ? Nous quittons ici le plan du mythe et de la philosophie pour aborder celui de la création plastique. Qu’est-ce qu’une forme ? Pour me conduire vers la fin de mon propos, ou plutôt pour esquisser quelques-unes de ces lignes d’horizon vers lesquelles Yves Henri et moi-même allons nous mettre en route, dans un compagnonnage de l’art et de la philosophie, essayons de « donner forme » à ce vaisseau qui nous porte et nous habite

 

je vais emprunter quelques repères à un petit ouvrage de Jean-Christophe Bally, intitulé simplement : Ces repères peuvent aussi vous fournir quelques clés

 

Forme chaos

 

Mais voilà : quelle étrange forme que celle qui, née de l’imaginaire du navire, projette ses ombres mouvantes sur la cimaise, et dresse l’entrelacs de ses fils et de ses mâts dans une figure que le visiteur pénètre et traverse du regard, puis contourne, traverse à nouveau ! Qu’est-ce qu’une forme ? « La forme ! Tel est le sujet, vaste et profond », comme l’écrit Jean-Christophe Bally, dans un précieux petit ouvrage, sobrement intitulé Sur la forme1, et dans lequel je crois trouver quelques repères pour notre aventure, et quelques clés pour aborder cette nouvelle étape de l’œuvre de Yves Henri.

 

Oui, qu’est-ce qu’une forme ? L’installation de Yves Henri à Voiron porte en elle cette question. Pour y répondre, nous souffle Jean-Christophe Bally « il faudrait commencer par l’inimaginable : un monde où il n’y aurait pas de formes, et qui serait lui-même sans forme, informe, comme on dit ». C’est bien cela : ces formes éphémères en lesquelles un moment se prend le vaisseau fantôme de Yves Henri rappellent que toute forme vient du chaos et s’arrache à cet informe que toutes les cultures imaginent à l’origine du monde. Ce monde d’avant le monde, certes, « personne ne l’a jamais vu, mais c’est comme si la pensée, dès les premiers temps, avait éprouvé le besoin de se le figurer : l’ensemble de tout ce qui existe et a été formé s’appuie en quelque sorte sur l’informe, pour certifier ou vérifier sa présence : drôle d’appui, mais qu’on le nomme chaos ou néant, ou non-monde, on le trouve partout, dans l’Egypte ou dans la Grèce antique, dans l’Inde védique, rôdant sous le monde et le menaçant, menaçant toutes les formes d’existence, menaçant l’existence ». Jean-Christophe Bailly le dit si bien qu’il suffit de l’entendre d’y faire écho : toute forme est un certificat, une attestation d’existence, de présence, en appui sur sa propre énigme, sur sa propre absence. Insistons encore, avec notre auteur : il y a en toute forme cette énigme, « le fait brut qu’il n’y a pas d’existence sans forme, que la forme accompagne l’existence, non comme son ombre portée, mais comme une condition ». Voilà peut-être un premier élément à méditer : le vaisseau fantôme de Yves Henri, en quête de ses formes, et ne se figeant en aucune de ses formes nécessairement éphémères, nous dit à la fois la précarité et l’exceptionnalité de toutes les formes d’existence. Rappelons-nous, Valéry : l’homme une sorte d’éphémère.

 

Cristal ou fumée

 

Regardons l’installation de, et nous y voyons la forme dans ses deux états extrêmes : le solide, celui des poutres noires et de cette pierre noire que le visiteur dès l’entrée contourne consciencieusement, d’un côté, l’ombre, l’arachnéen, le nuage, la fumée, de l’autre. Entre le Cristal et la fumée, tel est le titre du livre dans lequel Henri Atlan résume le propos d’un savant sur l’organisation du vivant. Le cristal et la fumée, en effet, nous rappelle Jean-Christophe Bailly els sont les objets (si l’on peut parler d’objet à propos de la fumée, mais là est toute la question), les objets ou les modes d’existence que l’on a sélectionnés pour rendre claire cette opposition entre des formes quasi fixes, pour lesquelles l’équilibre structurel apparaît comme un acquis, et des formes évanescentes, pour lesquelles un tel équilibre ne peut pas exister ».

 

Devant chaque forme d’existence du monde naturel, ce qui est à penser, on le voit, c’est donc son positionnement sur cet arc des possibles, c’est son rapport à sa propre formation. Et ici, tout s’évalue en termes de croissance, de venue, d’effacement » (p. 24).

 

 

Forme, état de forme, formation

 

« Ainsi, toute forme, et c’est fondamental, n’est qu’un état de forme, mais il est des états instables, qui ne s’installent pas, qui glissent dans une sorte de fondu enchaîné permanent, et des états provisoirement stabilisés : ce sont ceux là qu’en règle générale on considère comme des formes, du moins en tant que celles-ci correspondraient à des types, inscrivant comme telles, au sein de la variation infinie, la puissance de l’invariant.

 

Mais pourtant ces états stabilisés d’apparence inerte sont eux-mêmes la trace, ou, plutôt, la mémoire emboutie de leur formation ». (p. 32)

 

Forme, concept, image

 

« La forme, tout en adhérent à l’être singulier des choses ou des êtres, a en même temps une existence autonome qui est de l’ordre du concept ou de l’image ou qui du moins regarde vers eux. Ce que l’on peut dire d’un état de forme, c’est qu’il est comme un arrêt sur image » (p. 36).

 

La forme, l’outil et le souci esthétique

 

(A propos de ces formes que sont les premiers outils, la lame, la pointe de pierre taillée, la flèche, plus tard la céramique...)

 

« Ce qui peut être décrit d’un côté comme un tâtonnement, une lente et patiente venue, peut l’être également, à une autre échelle, comme un parcours finalement assez rapide : la perfection vient vite, et ces mêmes qualités de finesse et de décision, ces mêmes qualités formelles que nous reconnaissons dans les figures d’animaux de la grotte Chauvet, vieille de trente mille ans, nous les retrouvons dans la forme des outils, dans les longues séries que l’on peut voir dans les vitrines des musées de la préhistoire, qu’il s’agisse des temps paléolithiques ou néolithiques.

 

Ce qui vient aussitôt, comme André Leroi-Gourhan l’a souligné, c’est la beauté, c’est la venue du souci esthétique (je souligne). Cette beauté opère d’abord pour nous sans doute - je me souviens par exemple de la collection d’outils d’obsidienne du petit musée de Lipari, dans les îles éoliennes, et de la perfection pour ainsi dire musicale qu’elle me procura - un peu comme si chaque percussion à l’origine de l’objet y avait été convertie en une note plastique, les séries tout entières formant comme une longue portée sur la blancheur des murs - mais ce qui est à considérer, sans pour autant quitter d’un seul pas l’atmosphère intellectuelle du poein de ces artisanats lointains, c’est l’apparition, via la finition puis l’ornementation, d’un désir d’accomplissement formel dans lequel nous ne pouvons pas faire autrement que d’identifier une pulsion proprement esthétique (je souligne) » (pp. 44/45).

 

La forme, puissance d’affirmation

 

« Il ne s’agit pas de penser qu’il y ait une sorte d’idéal platonicien suspendu au-dessus ou au-delà de chaque objet, - ainsi une tasse absolue, une poignée de porte absolue, un réverbère absolu (et ainsi de suite) - mais qu’il y a pour chaque objet une possibilité d’existence à la fois plénière et autonome, une sorte de puissance d’affirmation qui n’aurait rien à voir avec quelque chose d’ostentatoire, qui aurait au contraire - et nous rejoignons là la difficile question de l’intentionnalité - aurait, dans cette puissance d’affirmation même, qui est une puissance d’étrangeté, quelque chose de discret, de discrètement présent ». (p. 76).

 

* * *

 

Voici à présent venu le temps du débat, des questions, des réflexions partagées. L’idéal, dans l’esprit de la démarche du Vaisseau Fantôme de Yves Henri, serait que ce temps s’inscrive dans la démarche même. En participe. Qu’il soit un peu ce terreau de pensée et d’imaginaire, ce terreau philosophique si l’on veut, dont les formes à venir se nourriront. Je pourrais vous proposer l’exercice en ayant présent à l’esprit ce carnet de bord posé au milieu de l’exposition, et qui n’est pas du tout un livre d’or. Quelle trace, quelle réflexion, quel souvenir, quelle question, après avoir parcouru cette exposition, après avoir peut-être échangé à son sujet, après m’avoir entendu en parler, souhaiteriez vous y laisser, y inscrire, pour qu’il ou elle fasse patrie du voyage ?

 

* * *

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Bailly J.-C., Sur la forme, Manuella éditions, 2013.

Performance: ENCAGEMENT de Florli à Bergen
ET CA CONTINUE !
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Quand les événements vus à la télé changeront je peindrai des fleurs

Quand je serai grand je mourirai salle des vieilles tour St Cyr au Mont d'Or
LE GUETTEUR D ELHENCHA
L ART C EST LA VIE
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QUAND JE SERAI GRAND? JE MOURIRAI
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l'ARTISTE EST UN DES ENFANTS DU TEMPS DES HUMAINS

Paulette, je sais peu de choses mais ça je le sais: je ne suis qu'un des enfants du temps des humains. Quand je t'ai vue dans "jeux interdits" et lue dans  "jeux inconnus" de F.Boyer, j'ai beaucoup repensé à nous qui sommes pétris des traces laissées par l'histoire des hommes.

Quand, un jour, Henri Ughetto m'apporta une pleine valise de croix de bois démunies de leur crucifix en me disant:" je sais que tu en feras quelque chose", j'en restais coi. Ce disant, c'est lui qui comme toi et Michel, m'a permis d’échafauder cet univers qui poétise celui moins drôle de ces adultes qui ne jouent plus avec la mort, mais la programme.

Alors, j'ai remis sur les bois en croix, des personnages putrides mais bandants parce que les théologiens, les exégètes, les peintres du 16 ème comme  Maerten-van Hee Mskerck dans l'Homme de douleur ou  dans crucifixion de Hans-Leonard Hauferlerin ou encore dans le propos scientifique de Jacques Ruffié me l'ont dit:"De la mort naît la vie"... Depuis, mes je et mes jeux d'artiste n'ont été que quêtes et poursuites responsables de ce geste confiant d'Henri Ughetto. Aussi bien avec "Le Petit Peuple des Guetteurs" que dans "Tisserdetisserretisser le voile de la marie mise à nue par ses amants" ou encore dernièrement avec "j'ai mangé mon père, j'ai mangé ma mère et ça va mieux. Mon inconsciente conscience du monde m’amène encore et toujours à cet indicible évident: "QUAND JE SERAI GRAND JE MOURIRAI"

Cette fois-ci,le fil conducteur est tout trouvé: chaque spectateur,chaque visiteur qui vient dans la salle des vieilles tours à St Cyr au Mont d'Or ,foule de ses pieds ce qui, dans d'autres lieux, serait sacré. Dans nos sociétés,on ne piétine pas les représentations de la mort. Pourtant ici, tous, nous, vous, ils agissent comme si de rien était. Tels des enfants qui ne veulent pas savoir qu'ils savent,nous,vous,ils chantent, dansent, sur les signes de la mort à peine aseptisés par une dalle de verre.

Tu vois Paulette, quelques fois les humains nous rassurent quand eux aussi, jouent à oublier.

Alors, moi, faiseur d'images, je peux me laisser aller dans mes je de mises en espace. Un univers absolument pas prémédité est né: des insignifiances formelles,des matériaux de la quotidienneté assemblés, collés par mon savoir-faire issu de mes maladresses.

Peu à peu, la démultiplication du geste devient rassurance.

Filandreusement,le temps s'étend pour devenir territoire qui ose être vécu par chacun comme une poétique dont on ne sait plus si c'est de la mort ou la vie dont il s'agit. L'artiste se joue de l'ultime à chaque instant réitéré,histoire de se dire que l'art c'est la vie.

Alors, toi le spectateur, deviens celui par qui la vie s’amplifie jusqu'à la démesure.

Yves Henri

Lire Alain Kerlan :jeux interdits:l'enfance dans la guerre, au delà de la guerre/ WWW/SOFPHIED.FR

Texte écrit en relation avec l'expo"QUAND JE SERAI GRAND JE MOURIRAI"

 

expo:J'ai mangé mon père, j'ai mangé ma mère et ça va mieux"
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Le piano de Marithe avec la complicité sonore de  François Lamy

 
expo chapelle de la Bussiere Rillieux
galerie photos
Les jardins de la paix Rillieux La Pape avec la complicité sonore de F. Lamy
Ce sont les chosent qui bougent (expo Polaris Corbas)
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Allusion à Ainsi parlait Zaratoustra
                                                                                                      2,50x1,20m technique mixte sur panneau bois
ECRITS
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L'Art est "une activité qui consiste à produire des rapports au monde"   (Nicolas Bourriaud).

 Le Petit Peuple des Guetteurs  Yves Henri et la création partagée  édition : La Passe du Vent  est un ouvrage  qui rassemble des contributions,analyses et témoignages d'une dizaine de personnes qui, dans la diversité de leurs statuts: professionnel de l'art, élu local,militant associatif, collectionneur, détenu, réfugié d'un camp palestinien, universitaire, étudiant... ont été associés à la conception et à la réalisation d'un guetteur... Cet ouvrage amène aussi à s'interroger sur la place de l'artiste dans la  société comme sur les évolutions à venir des politiques publiques de la culture.
Michel Kneubühler et Thierry Renard  ont été les porteurs vigilants de ce livre  . 

Chapelle BATHERNAY juin 2011 photo Patrick Scalbert
environnement audio

A l'atelier
Mille Milliards de ferrailles même pas dorées!
enr: Y Henri

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Chapelle de Bathernay
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La vie quoiquilenfûtquoiquilensoitquoiquilen advienne…
Depuis plusieurs décennies, j’investis des lieux pour leur histoire, leur ambiance, pour ce qu’ils me suggèrent, le temps d’une installation éphémère, perturbatrice d’habitudes et de conventions acquises.
’A Kerlan* écrit à propos de ma dernière expo:
-…Pas de fuite en avant dans la dérision, mais pas non plus d’amplification, pas de fuite en arrière dans la célébration. Yves Henri ne tente pas d’échapper au défi que lui lance le cortège de l’histoire de l’art…
Lors de la visite de cette nouvelle installation, autour, dans, et sur cette architecture de Bathernay, chargée de sens et d’histoires d’humains, il faudra se rappeler que cette église est érigée sur un mamelon tellurique et sur une source fondatrice que les anciens occupants du lieu honoraient comme forces vitales.
-Il faudra se rappeler: le petit cimetière , ramenant notre orgueil d’humains à de plus justes proportions.
-Il faudra se rappeler que l’actuel clocher était une tour de guet: vigilance nécessaire dans cet espace grandiose mais chargé des inquiétudes que l’homme fait peser à l’homme.


Espace partagé dans la chapelle avec Alain Pouillet peintre
*Alain Kerlan Philosophe, directeur de l’ISPEF Lyon 2
Un des auteurs du livre:« Le Petit Peuple des Guetteurs…» Ed « La passe du vent »

Yves Henri sculpteur installateur né en 1945 vit et travaille à Lyon
Quand Combas s'amuse avec le guetteur
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Ah si toi aussi tu savais...
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Un peu comme Obélix, (tu vois l’étendue de ma culture), je crois bien que je suis tombé dans la marmite tout petit , quand bien-même j’ai mis des années à m’en rendre compte: tout est art, tout fait mon art, ma famille, mon environnement, ma petite histoire perso et bien-sur mes rencontres, mais aussi mes propres réactivités à tout ce petit salmigondis existentiel bien connu d’où, il est parfois difficile d’extraire le fil qui va permettre de tisserdétisserretisser le linceul du beau-père de ma Pénélope à moi*. Tu sais bien, celle qui par stratégie amoureuse, se relève la nuit pour défaire sa besogne du jour, afin d’éviter de se retrouver dans les bras d’amants l’éloignant de son engagement véritable.
Rigole, rigole! …
Pas toujours facile de ne pas céder aux tentations.
Je parle bien sûr de tous ces falbalas dont l’art croit se parer régulièrement.
Depuis que l’homme, à un moment vital ,a trouvé l’astuce de prendre un outil, un truc un machin pour lutter pour sa survie, il a, par le même ustensile gratouillé la paroi de son habitat pour laisser une trace de son passage , il a tenté d’imiter la nature. Puis il a essayé de faire plus: se prendre pour je ne sais quelle force supernaturelle ,voire même de ce substituer à elle, histoire de montrer qu’il en a…
Pour rendre moins lisible et compréhensible au commun des mortels ses ambitions légitimes ou non, il lui faut, à cet individu étrange , flatter le regard et les sens de ceux qui l’environnent pour se donner de l’importance et apparaitre comme singulier et unique! Un petit coup d’ocre par-ci, une petite arabesque par là, une emphase en fin de phrase, un arpège de ci de là, quelques ronds de jambe et nous voilà sûrs d’être pris pour de vrais Artistes qui en savent plus que les autres.
Du coup, pour ne pas passer pour un con, il vaut mieux que tu fasses semblant de comprendre. Ou alors, si tu as saisi, il s’agira de conserver, figer reproduire, faire reproduire l’image et fabriquer des fidèles: une élite qui tourne sur elle-même, sûre d’elle , d’un avoir et d’un savoir régulés, contrôlés, répertoriés.
Tu l’as compris, les amants potentiels de ma Pénélope m’agacent. C’est peut-être la peur d’être dépassé par l’ampleur de la tâche: cheminer sans trop savoir où cela va nous emmener…
Chut!
C’est peut-être le début d’une aventure?…
Lyon le 6juin 2011

*: texte expo «  Pénélope si tu savais » 
repères de dates
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 EXPOSITIONS et RÉALISATIONS (sélection) 

2019  "Naufragés éphémères" lycée J Brel st Christol les Alés avec Alain Kérlan

2018 2019 "naufragés éphémères" théatre Athénor St Nazaire avec Alain Kerlan

2018 "naufragés éphémères" installation Cuiseaux

2018 " vaisseau fantôme sur la Saône"  ArtFareins

2018 "intervention performée avec Alain Kerlan biennale philosophie pratique Rhôdes

2018 "complexité d'évasion"  galerie le 116art   

2017  "les filins de lumière..." St cyr au Mont d'or

2017 " La forme?" performance avec Alain Kerlan grand amphi université Lyon 2

2017  "Mue[s] nu[s] emue[s]"expo avec Agnés Jeannot  bateau Lavange Lyon

2017  "Naufragés éphémères..." avec Alain Kerlan rencontres actions conférence performance Sfax et Kerkennah

2016  "naufragés éphémères..." avec alain kerlan actions performances conference réalisation Leros

2016   "Vaisseaux des Anges" avec Agnes Btffn performance-action  Jarnac
2016   "Naufragés éphémères",  avec Alain Kerlan  Performance Université de Rhodes

2016 "Naufragés éphémères, ils s'en sont allés jouer ailleurs" installation à la TEC  Voiron 

2015 Performance "Encagement" PAB open Bergen Norvège  

2014 Le guetteur d'EL Hencha Tunisie
        "Comment osez-vous vous prétendre poète  et gazouiller  gentiment comme des pinsons" 

         bateau Lavange Lyon

        "La guetteuse du chateau"   ArtFareins    Fareins

        "quand je serai grand je mourirai" St Cyr au Mont d'Or

        "Le piano de Marithé" -écouter voir Venissieux
2013 "structure habitable" cirque à son  école de musique Venissieux
2012 "crisis what else  galerie 116art Villefranche sur Saône
        "j'ai mangé mon père j'ai mangé ma mère et ça va mieux" galerie 116art  Villefranche sur Saône
         réalisation sculpture signal: "Parc des horizons" Rillieux la Pape
        "variations et fragments noirs" Chapelle La Bussière Rillieux la pape

        "l'envol"  Le Polaris Corbas 
        Scénographie "La P... respectueuse" Cie Leila Soleil 
CCO Villeurbanne
 
2011  Exposition: Galerie le 116 Villefranche sur Saône 
         Exposition: "L'Art et la Matière" -Eglise de Bathernay- Drome des collines
         Réalisation: structure éphémère et du guetteur "Le lapidé"  Eglise Saint Etienne
2010:  Musée des moulages- Université  Lyon 2

          création partagée avec les étudiants
         « Tisserdétisserretisserlevoiledelamariéemiseànuparsesamants »
2009-2010: Résidence au Musée des moulages - Université lyon 2
         Réalisation:"Eros" Musée des Moulages Lyon
         Réalisation:"Le témoin" -Vauxrenard
2009 Création partagée: -ARFRIPS- Caluire 
         Réalisation:"La Guetteuse d’eau"- Pierre-Bénite 
         Réalisation: « Mémoire vivante »-Jardin de la Paix- Rillieux-la Pape
2008: Exposition:« Mourir,certes! »- Galerie le 116- Villefranche- sur- Saône
2007: Réalisation: « Façade »-Création partagée sur le bâtiment ITS- Caluire
         Réalisation éphémère: "structure chaotique" entrée « Soli Lyon »-Place Bellecour - Lyon
         Performance: Théâtre des Asphodèles- Lyon
2006 :Exposition: « De cages en cages »- Galerie WM- Lyon 
         Réalisation:structures roulantes pour la Biennale de la danse- Lyon
         Réalisation:« Mémorial »-Jardin de la paix- Rillieux-la Pape
2005: Réalisation: « Jeux de voiles »- Grigny 
         Réalisation: Structure habitable- Les Guinguettes- Lyon
         Exposition: « Mourir, certes, mais la gueule ouverte! »- Festival d’humour- Villard de Lans
         Réalisation: "cages éphémères Festival d'humour-Villard de Lans
         Réalisation: Le Guetteur aux champs Alberville( Détruit par la ville)
2004: Exposition: « Le Petit Peuple des Guetteurs »- Musée d’Art Contemporain- Lyon
          Réalisation: "Le guetteur du musée" MAC Lyon
          Réalisation: "Le guetteur guetté, Maison d'arrét de  Villefranche/Saône 
          Réalisation: "Cage encagée" - Les Jardins d’Hélys- Saint Médard d’Exideuil
2003:  Exposition:  « Jardins »- -La Chair et Dieu -- Jardin des Chartreux- Lyon
2003:  Réalisation: "Le Bibolin" Temps Jeune Oullins
2002:  Exposition: « Les encagés »- Bateau Lavange- Lyon
2002:  Exposition: " L'oeuf de la bête"- Limoges (détruit par une bande de c...)
2002:  Réalisation: "Le guetteur de Jénine"- Jénine- Palestine(détruit par les tanks de l'armée israelienne)
2001:  Exposition: « On a pas tous les jours vingt ans »- Fort de l’Ecluse-Pays de Gex
          Exposition: Lycée Marcel Sambat- Vénissieux
          Exposition:« Pacifique Troupeau »- Saint Priest »
1999-2000: Réalisation: « La Porte de Feu »- Pont Bonaparte- Lyon
          Réalisation: du Guetteur "Marcel" -place Saint Jean -Lyon
          Réalisation:  deux guetteurs "Les ravaudeux"- IME -Venissieux
1998:  Réalisation: Structures éphémères mises à feu- La Filature Quartier Diderot- Mulhouse
1997:  Réalisation: guetteur "Un autre regard" -MJC- Rillieux
1996:  Réalisation: guetteur "Porte de la ville" Symposium Rilleux
1995:  Exposition: « Priape au jardin »-Biennale de Limoges- Galeries Res Rei et Poisson d’or
          Réalisation: guetteur "Apartheid" -pré au sculpture- Pierre Digan Haute Vienne
1994:  Réalisation: "Diagonale" Symposium Rillieux
1993:  Exposition: « Le Petit Soldat du F ort du Bruissin »- Francheville
1991:  Exposition: « Voile de douleur »- Galerie municipale- Vaulx en Velin 
           Exposition: -Briscope- Brignais
1990:  Exposition: - Joué les Tours
          Exposition:« Voile de douleur »- Tarare
1989:  Exposition: « Sous les pinceaux, la Révolution »- Galerie Michel Guinle- Lyon
1988:  Exposition: « Bravo l’Espoir »- Galerie Poisson d’Or
1985:  Exposition: Galerie Pierre-Guibord- Joliette, Québec
           Exposition:« Souvenir d’un voyage spatio-temporel »- Piscine d’Oullins
           Exposition:« Journal intime »- Galerie Poisson d’Or
1984:   Exposition: Festival de la Paix- Matha
1982:   Exposition: « Pleins feux »- Salon d’Automne- Lyon

(toutes les réalisations ne sont pas encore répertoriées mais ça viendra!)

-Né le 7 mai 1945 à Dignac en Charente (16)
-CAP de carreleur
-Reprise des études : équivalence Bac à Lyon 1967
-Faculté de Théologie protestante Montpellier 1967-1970
-Arts plastiques Fac d’Aix en Provence 1970-1971
-Directeur de MJC 1971-1974
-Éducateur en IMPRO atelier création
(Temps plein puis mi-temps pour création personnelle) 1974-1985
-Artiste maison des artistes depuis 1985
-Activités de création en association d’insertion et avec le GRETA et AFPA
-Interventions dans les écoles, et stages académie Rhône
-Participation continue Art Sur la Place aboutissant à la création de l’association « et ils n’ont pas de nom » avec les participants
-Crée « Le petit peuple des Guetteurs » : réalisations qui ne peuvent exister qu’avec la participation des personnes concernées ex: Le Guetteur de Jénine, Guetteur du MAC le Guetteur guetté Maison d’Arrêt Villefranche, La Guetteuse d'eau Pierre Bénite etc (19 actuellement) 
-Formateur activités créatrices auprès des étudiants éducateurs spécialisés ARFRIP Lyon depuis 2006
-Nombreuses réalisations publiques et privées
-Reportages vidéo télé et presse

Nombreuses interventions à: colloques, rencontres échanges pour  témoigner de sa démarche artistique concernant la création partagée   

 

(voir site Alain Kerlan)

Atelier: SCOF 3 chemin des faïenciers 69 520 Grigny

Ne pas oublier
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Juste comme çà, histoire de dire, un artiste ne vit pas que d'amour et d'eau fraiche .
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